Réemploi & Architecture de demain
Dessine-moi un pavillon circulaire !
Faire de l'Architecture du réemploi à Paris
Construit à 80% avec des matériaux réemployés ou réutilisés, le pavillon circulaire de l’agence Encore Heureux démontre la possibilité de faire de l’architecture avec des ressources existantes. Cette pratique est devenue leur cheval de bataille depuis 2001, date à laquelle les deux architectes engagés, Julien Chopin et Nicola Delon, ont crée leur collectif et agence. Ce pavillon, appelé circulaire comme «économie circulaire» a été édifié à l’occasion de la COP 21 et sera reconstruit plus tard .
Comment a été fait le sourcing des matériaux ?
Tous les matériaux réemployés ont été récupérés sur des chantiers de la ville de Paris. Preuve de la possibilité de construire avec des matériaux locaux et pourtant destinés à être jetés. Sauvées in extremis de la déchetterie, les quelques 180 magnifiques portes en chêne qui ornent la façade datent de 1936, en atteste la marque laissée par le menuisier qui les a fabriquées à l’époque. Celles-ci proviennent d’une opération de réhabilitation d’un immeuble HBM du XIX ème arrondissement. L’isolation a été faite avec de la laine de roche provenant de la déconstruction de la toiture d’un supermarché et la structure bois, avec les restes d’un chantier de maison de retraite. Le sol et les murs, sont faits d’anciens panneaux d’exposition, et le caillebotis de la terrasse est celui de Paris-Plage! Les fenêtres et tasseaux en bois proviennent pour la plupart de surplus de chantiers parisiens. Quant aux chaises, ce sont celles que les parisiens ont jetées, trouvées dans les centres de valorisation des encombrants, elles ont été réparées puis repeintes. Seules quelques poutres structurelles ont dû être achetées à l’état neuf pour répondre aux contraintes techniques. Les ressources ne manquent pas pour inventer de nouveaux édifices comme celui-ci!

Construire en réemploi, une technique singulière ?
Le montage du bâti a été entièrement réalisé par des ouvriers de la ville de Paris non spécialisés, ce qui montre aussi la simplicité d’une telle construction et son efficacité à la fois technique et esthétique. Les ouvriers du chantier ont été touchés par la démarche architecturale car elle était simple et intuitive. Cette nouvelle manière de construire est aussi un moyen de réconcilier les architectes et le public.

Comment trouver des gisements de matériaux de seconde main ?
La difficulté s’est posée pour trouver ces matériaux, car avec les moyens actuels, ils ne sont pour le moment disponibles que par le bouche à oreille. C’est par l’opportunité que l’on trouve le gisement disponible. C’est ainsi que les architectes ont trouvé les portes qui servent de bardage à la façade, une rencontre hasardeuse a permis de récupérer les matériaux sur un chantier. Une autre difficulté vient s’ajouter car dès lors qu’un objet se trouve dans la benne, cela lui confère instantanément le statut de déchet. Pour éviter cela, il est possible de poser un diagnostic ressource sur les chantiers de rénovation et réutiliser les ressources pour le projet futur.

La volonté du réemploi s'impose dès la conception
Cette architecture impose une nouvelle manière de penser, il s’agit désormais de dessiner un projet en fonction des ressources disponibles, de s’adapter à la contrainte pour faire naître une architecture basée sur une manière de penser radicalement différente. Cela redonne du sens au travail de l’architecte qui n’est plus un applicateur du produit industriel. Cet exercice, les deux architectes d’Encore Heureux s’y confrontent depuis 15 ans avec leur collectif. La pratique leur permet aujourd’hui de gérer la construction de bâtiments de plus grande envergure.
Après une présence de trois mois en 2016 place de l’Hôtel de ville, le pavillon, habite de nouveau les lieux , reconstruit depuis peu.
Marie-Charlotte Bersou
Crédits photos: Encore Heureux
L'Édito
A l'orée d'une nouvelle façon de penser, l'architecture se mue pour venir célébrer ce nouveau paradigme où l’humain est au centre.
L'architecture naît d'un besoin. Le besoin d'habiter, de vivre ensemble, d'échanger, de consommer, le besoin d'apprendre, de s'éveiller, de travailler. Et s'il est admis qu'elle doit être conforme aux attentes d'usage et de confort, le pavé des normes qu'il faut surmonter pour construire serait presque décourageant.
De notre point de vue, il est moteur de créativité. En atteste l’émergence de constructions conçues à partir de matériaux de réemploi. L’imaginaire est bel et bien vivant, il dépasse les frontières.
C’est cela que raconte ce blog.
Bonne lecture !