Réemploi & Architecture de demain

Posté le 05-07-2021

Les earthship de Mike Reynolds

Architecture résiliente


Mike Reynolds, ne fait pas dans les conventions, une révolution architecturale est en marche, en parallèle de la conquête de Mars. Pour lutter contre l’apocalypse, l’architecte américain Michael Reynolds a consacré sa vie à fabriquer des vaisseaux pour habitants de la terre. Les «earthships» sont le fruit d’une réflexion globale sur l’architecture durable. La forme résulte du savant mélange entre l’utilisation de déchets en guise de matériaux de construction et la modélisation d’une maison captant les ressources naturelles.


Un habitat zéro impact sur tout son cycle de vie

  À l’époque actuelle, les dispositifs architecturaux visant à réduire notre consommation d’énergie fleurissent, les technologies salvatrices inondent le marché, et leur consommation fait toujours de nouveaux adeptes.

Mike Reynolds propose tout le contraire, dans une société de consommation à son apogée, il décide de construire avec les déchets que nous générons, permettant ainsi d’absorber quelques-uns d’entre eux tout en évitant de consommer d’autres matières premières. Il ne s’arrête pas là, à l’instar de nos anciens qui savaient utiliser la nature pour capturer les bienfaits du soleil, du vent, de l’eau de pluie, l’architecte américain utilise des dispositifs techniques permettant l’autosuffisance en énergie. Les édifices conçus par Mike Reynolds semblent véritablement dotés des caractéristiques d’un vaisseau. Pourtant bien ancrés dans la terre, celle-ci sert d’ailleurs d’isolant naturel et de régulateur de chaleur. Si leur forme découle directement de l’optimisation des matériaux à disposition et de l’utilisation des dispositifs naturels tels que le soleil pour chauffer, il n’échappe pas à notre imagination l’aspect post-apocalyptique de cette architecture, comme si Mike prédisait l’avenir. Déjà, pendant ses études d’architecture, il portait la conviction d’une alternative indispensable à la construction classique, pour imaginer et anticiper l’ère post-industrielle.


serre en bois pour potager et système de chauffage naturel


La forme suit la fonction (et le gisement en matériau d'occasion)

L’esthétique est aussi singulière que sa conception. A contrario d’une maison classique, les earthships tirent leur particularité du système d’exploitation des ressources naturelles au sein de la maison, de la filtration de l’eau de pluie, récupérée depuis le toit incurvé, pour la rendre potable jusqu’à l’eau du bain recyclée pour alimenter les toilettes, Mike n’en perd pas une miette. Chaque maison est également dotée d’une serre permettant de faire pousser toute l’année des plantes cultivables. Tous les déchets se trouvant sur son passage deviennent une ressource potentielle. Ainsi, les pneus jouent le rôle des fondations, les canettes d’aluminium servent pour les murs porteurs et les bouteilles de verre créent des jeux de lumière. « J’utilise n’importe quoi qui puisse montrer aux gens que l’infrastructure n’est pas nécessaire »


maison autonome dans le désert en matériaux de réemploi


L'architecture en réemploi, un style international ?

Acharné depuis quatre décennies, convaincant par sa détermination, il exporte petit à petit son architecture à travers le monde. L’école construite à Jaureguiberry en Uruguay est le premier bâtiment autosuffisant du continent sud américain, elle aura été érigée en seulement 4 semaines, un record pour un édifice de 270m2. Une rapidité qui démontre encore l’efficacité de ce type de construction. Ce chantier participatif auquel ont contribué 70 personnes constitue d’après l’architecte un moyen d’apprentissage et de transmission qui pourra être transposé pour la construction d’autres bâtiments similaires.


intérieur eartship murs terre cure et faïence de récup


Les limites juridiques à franchir pour construire circulaire

Ses interventions consistent parfois en de vraies missions humanitaires car il vient en aide aux victimes de catastrophes naturelles qui se multiplient. En Inde après le tsunami, aux États-Unis après l’ouragan Katerina, il diffuse partout son savoir-faire acquis et transmet sans cesse ses techniques.

Imaginées au Nouveau Mexique dès 1978, où il s’installe avec sa communauté,  les earthships sont un moyen de démontrer qu’il est possible d’imaginer d’autres modes de vie, d’autres manières de construire. Militant pour l’avenir, il aura rencontré de nombreuses difficultés. Après 20 ans d’expérimentation et de liberté conceptuelle, sa licence d’architecte lui a été retirée, suite à un procès qualifiant son architecture de dangereuse, dans les années 90. Rien pourtant ne semble arrêter ce pour quoi il œuvre. Il ne pourrait sous aucun prétexte abandonner son projet de vie : la mise en place de l’architecture du futur, celle élaborée à partir de nos déchets dont nous ne savons plus quoi faire.

La plus grande barrière à la construction des vaisseaux reste les autorisations de construire et la réglementation.

earthship en construction avec bouteilles en verre récupérées et structure bois


Michael Reynolds, ce « garbage warrior » ou guerrier de la décharge du nom de son film où l’on suit l’évolution de ses démarches, ses questionnements et sa pratique architecturale au quotidien, continuera de démontrer que les solutions sont à portée de tous.


Comment construire une earthship ?

Pour aller plus loin dans sa démarche, l'architecte américain a crée l'entreprise earthship biotecture ( 70 personnes débarquent sur votre chantier pendant 4 semaines ) et école de conception d'architecture autonome et zéro déchet qui donne accès à des webinars, des pdf, des cours en ligne ou une académie en réel, au Nouveau Mexique pour 3 semaines de formation avec Mike Reynolds !

Marie-Charlotte Bersou

P.S.: Nous ne vendons ni pneus, ni canettes, ni bouteilles en verre sur Readymader cependant si vous souhaitez construire une earthship, nous serons ravis de vous aider pour le sourcing des matériaux !


L'Édito

A l'orée d'une nouvelle façon de penser, l'architecture se mue pour venir célébrer ce nouveau paradigme où l’humain est au centre.

L'architecture naît d'un besoin. Le besoin d'habiter, de vivre ensemble, d'échanger, de consommer, le besoin d'apprendre, de s'éveiller, de travailler. Et s'il est admis qu'elle doit être conforme aux attentes d'usage et de confort, le pavé des normes qu'il faut surmonter pour construire serait presque décourageant.

De notre point de vue, il est moteur de créativité. En atteste l’émergence de constructions conçues à partir de matériaux de réemploi. L’imaginaire est bel et bien vivant, il dépasse les frontières.

C’est cela que raconte ce blog.

Bonne lecture !

Derniers articles

Retrouvez notre compte Instagram @readymader